En 2024, le premier plan national de formation des fonctionnaires comme le plan de transformation écologique de l’État visent à appuyer la mobilisation des agents pour des services publics écoresponsables. Les 5,75 millions de fonctionnaires sont en première ligne. Ils sont les moteurs de cette mutation, que ce soit par leur engagement ou par leur gestion des bouleversements des compétences et des métiers induits par la transition écologique.
L’évolution des compétences et des métiers, c’est déjà une réalité
25 000 recrutements seront nécessaires d’ici 2030, selon l’Institut de l’Économie pour le Climat pour renforcer les capacités d’ingénierie des collectivités du fait de la transformation écologique.
1 million d’agents territoriaux (acheteur, urbaniste, protection civile, agents du cadre de vie, etc.) exercent un métier verdissant, à savoir pas forcément directement lié aux secteurs environnementaux, mais qui doit être adapté.
En 2023, le nombre de fiches de poste requérant au moins une green skill, à savoir une compétence essentielle à la mise en place de pratiques durables et respectueuses de l’environnement au sein des organisations, a augmenté de 22,3 % par rapport à 2022.
« Aujourd’hui, les agents aspirent à un alignement entre leurs pratiques professionnelles et leurs convictions en matière de transition écologique », explique Alexia Lefébure, présidente de « Une fonction publique pour la transition écologique ». Ces aspirations nourrissent l’engagement des agents pour que l’écologie soit ancrée dans l’action publique. Ils sont en demande d’actions et à l’origine d’initiatives qui permettent de construire collectivement l’éco-administration.
« Concrètement, la culture de la transformation repose sur les échanges entre les collaborateurs sensibilisés et ceux non sensibilisés au sujet, ainsi que sur les initiatives qui en résultent », observe Philippe Le Beulze, directeur général des services Syndicats Intercommunaux Boucles des Yvelines,Unilys, dans l’entretien qu’il nous a accordé. « De nombreuses micro-actions se sont concrétisées chez nous grâce aux agents : la journée sans courriel, l’organisation complète de la collecte du tri dans les bureaux, l’installation de ruchers sur les établissements, etc. Ces micro-pratiques permettent de développer et d’essaimer les greenskills au sein de l’organisation.»
Accompagner le pouvoir d’agir des fonctionnaires pour vivre collectivement l’évolution des compétences et des métiers
« Au-delà de leurs résultats concrets et de ces apprentissages des pratiques durables et respectueuses de l’environnement, les initiatives portées par les agents suscitent une grande adhésion de leur part. Ils les valorisent. Elles sont porteuses de sens pour eux, en particulier pour les jeunes. Elles créent une dynamique collective transformative et une culture partagée de l’éco-administration, qui devient une matrice de raisonnement partagée et transversale.
Le miel des ruchers est vendu. Les abeilles sont utilisées comme des connecteurs de micro-données de mesure de l’impact environnemental des installations. Le management par la confiance et la délégation est nourri et ouvre d’autres innovations autour du flexoffice, des aménagements de temps de travail, etc. » explique Philippe Le Beulze.
L’éco-administration est une administration apprenante, qui se transforme et s’adapte en permanence grâce aux interactions entre les agents. Elle est une opportunité de changement de culture institutionnelle pour des services publics efficaces, robustes et désirables.
Séverine Bellina, Réseau service public
Pour aller plus loin :
Calculer l’empreinte carbone de vos gestes à la maison et au travail
La transition écologique défi du siècle pour les RH ?
DRH : accompagner la transformation des collectivités dans la transition climatique