Le 7 avril 2024, les élèves de la promotion Paul-Émile Victor (2024-2026) sont partis pour trois semaines, vivre cette immersion militaire. Parmi eux, Alexandre Junier, ancien Inspecteur de la Jeunesse et des Sports puis détaché au ministère de l’Intérieur, est actuellement en stage « Territoires » sous la tutelle du préfet de Haute-Corse. Il nous partage son expérience.
En quoi consiste le stage d’immersion militaire ?
Le stage IS2C (Immersion, Souveraineté, Commandement et Cohésion) est une étape obligatoire au début de notre formation à l’INSP. Il intervient après un premier trimestre de scolarité à Strasbourg, et avant notre stage international, puis nos immersions en administration centrale et sur le terrain.
Il remplace l’ancienne journée de découverte des forces armées qui existait avant la réforme. Il a été construit en partenariat avec le ministère des Armées, le ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer et le ministère de la Transformation et de la Fonction publique. Il intègre une dimension plus longue et expérientielle pour mieux appréhender les enjeux liés à la défense, développer notre leadership et notre adaptabilité.
Durant trois semaines, nous sommes plongés dans la vie réelle d’un camp, ce qui nous permet de mieux appréhender les enjeux militaires actuels. Nous découvrons également les différents services du ministère des Armées (les trois armées, le service de santé des armées, les marins-pompiers de Marseille, etc.) et nous interagissons avec les femmes et les hommes qui les font vivre au quotidien.
Comment le stage s’est-il déroulé concrètement ?
Il s’est déroulé en deux phases : une première phase au sein du camp militaire de Canjuers où nous avons découvert et expérimenté les conditions de vie et d’entraînement des militaires ; puis une seconde phase où, in situ, nous avons été sensibilisés à l’action de chacune des armées (armées de terre, de l’air, marine), dans le cadre de visites ou d’exercices.
Comment votre première journée s’est-elle déroulée ? Quel a été votre ressenti ?
Nous sommes partis le matin en train pour Aix-en-Provence. Le ministère de la Défense nous a ensuite pris en charge en bus jusqu’au camp de Canjuers. L’arrivée dans le camp a été un moment solennel : montée de drapeaux, répartition en section, présentation de notre encadrement et installation dans nos baraquements. Après le repas pris en commun, la présentation du stage nous a permis d’être pleinement immergés dans un programme qui s’annonçait intense.
J’ai immédiatement ressenti un profond respect pour l’engagement militaire.
Pour vous, quel a été le moment le plus marquant au cours de cette immersion ? Pourquoi ?
Le raid. Pendant deux jours, au cœur du camp de Canjuers, nous avons été déposés à un point de départ et devions rejoindre un point d’arrivée par nos propres moyens.
L’objectif était de mettre en œuvre les compétences acquises pendant la semaine, en matière de cartographie ou de marche tactique par exemple, tout en sachant que le raid serait émaillé de surprises.
Nous savions que nous aurions à nous dépasser pendant ces deux jours, individuellement et collectivement. Placés dans des conditions de vie inhabituelles, nous avons appris à nous adapter rapidement et à travailler en cohésion. Chacun devait pleinement jouer son rôle, sans le dépasser. J’ai appris à mieux me connaître et à mieux connaître mes camarades de promotion.
Quelles compétences avez-vous développées durant ce stage ?
Au-delà des compétences techniques et organisationnelles, l’enseignement le plus marquant de cette immersion reste l’humain. J’ai été frappé par les valeurs d’engagement des militaires, de ces femmes et de ces hommes.
Nous avons également pris conscience de l’investissement nécessaire dans les infrastructures et le matériel militaires.
Cette expérience s’inscrit dans une nouvelle approche de l’évaluation à l’INSP. Nous serons la première promotion à ne plus être classée, mais à être évaluée sur un référentiel de compétences. De ce point de vue, mes apprentissages se situent tant au niveau des savoir-être que des savoir-faire.
Ce stage nous aide à mieux nous connaître, à nous maîtriser et à nous développer. Nous avons approfondi nos compétences en matière de planification, de prévention et de gestion de crise, ainsi que nos capacités de négociation.
Sur le plan managérial, nous avons également expérimenté le « management par les pairs », une situation que nous retrouverons dans nos futures missions. La conduite de projets transversaux, impliquant différents ministères (des projets numériques, des projets de transformation organisationnelle), requiert de travailler avec des collègues de même niveau hiérarchique, voire plus expérimentés, pour la réussite de la mission.
Rencontrer chaque acteur de la sécurité sur le territoire et comprendre son rôle, nous permet d’améliorer notre capacité de coordination et de prise de décision, ce qui est essentiel face à la multiplicité des crises contemporaines. J’ai déjà pu mettre en pratique ces apprentissages dans mon stage actuel.
Si vous deviez garder une seule leçon de ce stage, laquelle serait-ce ?
Sans hésitation, l’engagement des forces armées au service de la Nation. J’ai rencontré des femmes et des hommes dont le sens du devoir et les valeurs m’ont profondément marqué. Cela restera un repère pour moi. Sur le plan personnel, je garde de forts souvenirs et les liens.
Propos recueillis par Séverine Bellina, Réseau service public
Pour aller plus loin :
Retour sur les trois semaines d’immersion avec l’armée et les forces de sécurité des élèves de la promotion Paul-Émile Victor (vidéos disponibles)
Communiqué de presse conjoint du ministère des Armées, du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques et de l’Institut national du service public (INSP)
Pour une consolidation du lien entre les administrations publiques et les Armées : échanges avec les élèves de l’INSP
Crédit photo : ©Axel Dorr • Institut national du service public (INSP)