La pandémie de COVID-19 a révélé une dégradation alarmante de la santé mentale des Français : deux millions sont suivis en psychiatrie chaque année, les troubles chez les jeunes ont doublé et 24 % des collégiens avaient des pensées suicidaires en 2024. En 2021, elle devenait le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie. En 2024, François Bayrou, alors Haut-Commissaire au Plan, la qualifiait de priorité de santé publique, et Michel Barnier, alors Premier ministre, la déclarait « grande cause nationale » pour 2025, avec comme priorités la déstigmatisation et la prévention. Ce sont les deux axes centraux de prise en compte de la santé mentale par les employeurs publics.
Quel impact de l’environnement de travail sur la santé mentale ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la santé mentale est « un état de bien-être permettant de réaliser son potentiel, de faire face aux stress normaux de la vie, de travailler de manière productive et de contribuer à sa communauté ». Cet état personnel dépend de multiples facteurs : familiaux, sociaux, professionnels, ou technologiques. Ainsi, si le lien social l’améliore, la précarité et les discriminations l’altèrent. Dans l’environnement professionnel, des conditions de travail stressantes et des risques psychosociaux peuvent dégrader la santé mentale des employés.
Préserver la santé mentale des agents, une obligation encadrée
Le Code du travail stipule que les employeurs doivent « protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Ainsi, dans la Fonction publique, la santé mentale constitue un axe majeur de la politique de prévention des risques professionnels et en particulier des risques psychosociaux, et ce, depuis l’accord cadre du 22 octobre 2013. Le plan santé 2022-25 intègre aussi des actions pour préserver la santé mentale, notamment à travers la qualité de vie au travail, la formation des professionnels, la prévention des violences et les premiers secours en santé mentale
Un dispositif de secourisme en santé mentale mis en place dans la Fonction publique
Les employeurs publics sont invités, par la circulaire du 23 février 2022, à déployer le dispositif de secourisme en santé mentale reposant sur trois volets complémentaires :
- Sensibilisation à destination des agents ;
- Formation d’agents volontaires à repérer la détresse psychique d’une personne, à entrer en relation avec elle et à agir ;
- Formation de formateurs pairs.
Avec ce mécanisme, les agents apprennent à prévenir les situations de crise et à orienter les personnes concernées vers les professionnels de santé mentale (médecins, psychiatres, infirmiers, etc.).
Les administrations peuvent par ailleurs développer d’autres initiatives, telles que des programmes de soutien psychologique et la mise en place d’une cellule d’écoute, afin que les agents puissent se confier à des professionnels en toute confidentialité.
Travailler dans un environnement en sécurité psychologique accroît l’engagement et la performance, expliquait déjà en 2016, Charles Duhigg, journaliste du « New York Times Magazine », dans son passionnant article sur les critères de performance des équipes chez Google. Ainsi, prendre soin de la santé mentale des fonctionnaires n’est pas qu’une obligation légale : c’est un investissement crucial pour l’efficacité et la continuité des services publics.
Séverine Bellina – Réseau Service Public
Pour aller plus loin :
– Santé Mentale, « grande cause nationale 2025 »
– Psycom, l’organisme public qui informe, oriente et sensible sur la santé mentale.
– D’où vient le secourisme en santé mentale ? Vidéo sur les premiers secours en santé mentale
– Le cadre juridique de la santé – sécurité au travail dans la fonction publique
– La santé mentale des agents publics face à l’intérêt du service, Marie Baudel